Grand Est : ça sent le sapin !
La démission surprise du Président de la Région Grand Est, Jean Rottner, venant après celle de Philippe Richert en 2017, est un événement politique majeur même si les motifs sont, dans les deux cas, essentiellement personnels et familiaux. Cela peut aussi révéler le défaut intrinsèque d’une institution qui consomme en quelques années deux dirigeants particulièrement engagés dans une tâche qui s’avère herculéenne. Ce n’est pas parce qu’une administration est plus importante qu’elle est plus difficile à gérer, c’est lorsque la mission qu’on y doit accomplir est hors de portée et décourage ceux qui en ont la charge.
Un rappel historique. Les deux dirigeants étaient en 2014 des opposants déterminés à la fusion des régions. Aux élections régionales de 2015, ils défendaient une vision « confédérale » de la nouvelle région dont l’organisation devait conserver la trame ancienne afin de permettre la correction de cette loi aberrante. Début 2016, lors de la mise en route des institutions, le choix a cependant été fait de considérer la réforme comme irréversible, de créer une identité propre du Grand Est et d’effacer celle des régions historiques.
Un tel objectif se situe très au-delà de la gestion des affaires régionales, des arbitrages budgétaires ou du choix des politiques pour les lycées ou TER. Il demande un engagement affectif de tous les instants, d’autant plus qu’il se heurte constamment aux réalités sociales et culturelles ainsi qu’aux résistances politiques des populations et des élus, spécialement en Alsace. Le(a) troisième président(e) va-t-il (elle) suivre la même voie, pour les mêmes résultats ? Le moment est venu, et il peut être historique si chacun sait s’élever à la hauteur des enjeux, pour tous les conseillers régionaux et principalement ceux élus en Alsace, de faire un état des lieux sans concession et une franche introspection.
Tout exige qu’un dialogue franc et ouvert s’installe entre tous les partenaires pour définir la fin de trajectoire du Grand Est. Le statu quo est humainement et politiquement intenable. L’avenir ne peut s’écrire qu’à plusieurs mains. L’asymétrie créée par l’existence de la Collectivité européenne d’Alsace, région au sein de la Région, doit être assumée.
Le gouvernement est disposé à réformer l’administration territoriale, sans avoir cependant de vision claire, hormis l’affirmation d’accepter la différenciation. Allons-y et proposons ensemble l’expérimentation d’un modèle inédit et enfin sérieusement conçu. Le MPA a des idées sur ce sujet et contribuera avec enthousiasme à la réussite d’un tel projet.
Jetzt geht’s los !