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28 Juin 2025|Divers

A méga région, méga sondage et petites duperies

A méga région, méga sondage et petites duperies

La région Grand Est vient de publier les résultats d’un sondage que certains ont voulu présenter comme une réponse à celui qui a récemment montré que 72% des Alsaciens souhaitent le rétablissement d’une région Alsace. Les deux portent sur des périmètres et des sujets radicalement différents. Alors que le sondage des Alsaciens est clair et net dans ses questions et ses réponses, ici tout est matière à interprétation et semble destiné à alimenter l’autosatisfaction des dirigeants régionaux. Or, il est avéré qu’il serait possible de faire mieux, plus vite et à moindre coût si les Alsaciens étaient écoutés à Paris.

Des services certes, mais à quel prix ?

La rafale de questions hétéroclites porte essentiellement sur le degré de satisfaction des administrés à l’égard des politiques que mène la région. Les conseillers régionaux ont, en effet, été élus pour faire fonctionner au mieux des services publics et créer des équipements et non pour être les défenseurs acharnés de la loi de fusion des régions que la plupart avaient combattue. Qu’une majorité (plus faible en Alsace qu’ailleurs) soit « plutôt satisfaite » des productions de la région concernant par exemple les TER ou les lycées est le minimum qu’on est en droit d’attendre d’un organisme public ; les mêmes réponses auraient sans doute été obtenues dans toutes les régions.

Pour autant, le sondage est silencieux sur le coût de ces actions. Comme la région est financée par des dotations de l’Etat, notamment une fraction de TVA, elle ne « facture » pas aux citoyens ses énormes surcoûts, alors que nous démontrons qu’une autre organisation territoriale permettrait d’économiser plus de 100 millions d’euros, rien qu’en Alsace. Qu’en pensent nos concitoyens ?

Un sondage et quatre faiblesses

Le mot région renvoie parfois à l’administration concernée, parfois au territoire et ce n’est pas la même chose. Si des gens sont heureux de vivre dans leur région, plutôt satisfaits de l’économie, du dynamisme, du cadre de vie, etc., ce n’est pas parce qu’ils sont dans le Grand Est, auquel ils ne doivent rien, mais en Champagne ou en Alsace.

La seconde faiblesse est que beaucoup de questions portent sur des politiques où la région n’a que des compétences modestes et où son action propre, peu visible, est impossible à mesurer par les citoyens qui ne disposent guère des informations: culture, tourisme, santé, patrimoine… Que sait-on sur le haut-débit ? Que signifient les réponses plutôt positives sur le sport, alors que plus de 90% des licenciés souhaitent le rétablissement de ligues d’Alsace pour échapper aux coûts et dysfonctionnements des structures régionales actuelles ? On notera que la bonne gestion et la proximité des élus sont à des taux très bas.

La troisième faiblesse est que cela laisse de côté deux autres composantes du système régional, les services de l’Etat et les organismes qui ont dû s’ajuster au périmètre grandestien : ordres professionnels, organismes économiques, fédérations sportives. Pourtant de nombreuses insatisfactions y sont identifiées, dues aux défauts inhérents à la taille excessive du territoire.

La quatrième faiblesse du sondage est qu’il ne permet pas d’identifier et de mesurer les bénéfices qui résulteraient de la nouvelle configuration géographique. Où voit-on la plus-value ? On attendra longtemps la démonstration que les politiques régionales sont mieux conçues quand, sur chaque sujet, les deux tiers des conseillers ignorent les réalités du territoire concerné, quand le président de la région est présent au siège quelques jours par mois, quand les réunions de direction se tiennent souvent boulevard St. Germain à Paris (!), ou que l’on mène de meilleures politiques transfrontalières avec six ou sept partenaires étrangers plutôt qu’avec deux qui sont proches et bien connus de longue date.

72% des Alsaciens ont compris cela et en tirent les conséquences. L’Etat devra bien finir par se rendre aussi à ces évidences.

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