Déclassement de Strasbourg, cartes grises et autonomie locale

Strasbourg déclassée ?
Saviez-vous que suite à la fusion des régions, un nombre incalculable d’institutions se sont enfuies de Strasbourg ? Quelques exemples parmi une multitude :
- ARS (Agence Régionale de la Santé) : Nancy
- Ligues sportives : Tomblaine (Nancy)
- Chancellerie des Université : académie de Nancy-Metz
- ADEME (Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie) : Metz
- CESER : Metz et Châlons-en Champagne
- Chambre régionale d’agriculture : Châlons-en-Champagne
- SAFER (Société d’Aménagement Foncier et d’Etablissement Rural) : Reims
La photo montre l’ancien siège de la Chambre régionale des Comptes, rue du Faubourg national, désaffecté suite à son déménagement à Metz. Triste spectacle !
Comment Strasbourg peut-elle se laisser siphonner ainsi sans que les édiles ne daignent lever leur petit doigt ?
Rappelons que si Strasbourg a été choisie comme capitale européenne, c’est aussi parce qu’elle est capitale alsacienne. Si l’Alsace redevenait une Région de plein exercice, Strasbourg verrait le retour de ces institutions et des nombreux emplois qualifiés qui en découlent.
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60 euros par cheval fiscal : le matraquage continue !
La Région Grand Est applique en ce premier février 2025 une hausse de la taxe sur les certificats d’immatriculation (carte grise).
Il s’agit de l’unique taxe décidée et prélevée par les Régions en France. A l’époque de la Région Alsace, son montant était de 36,5 euros, pour passer à 48 euros en 2022 (voir image).
Mais la hausse infernale se poursuit. Faute de réaliser des économies, la Région Grand a été contrainte de la fixer à 60 euros, soit le maximum qu’autorise la loi. Cela représente une hausse globale de 39,2% depuis la fusion des régions…
Certains osent dire que l’agrandissement des régions n’a rien changé. Voilà pourtant une conséquence très concrète de la dérive des finances publiques occasionnée par le mille-feuille territorial. A défaut d’économies, on taxe !

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Pour la création de régions historiques autonomes !
François Hulbert, géographe professeur des Université (Québec et Metz), livre un constat accablant sur le centralisme français. Dans un court ouvrage publié en 2021, il plaide pour une union des élus locaux visant à renverser le système qui siphonne les richesses au profit de la seule région parisienne.
Pour lui, la solution passe par la création d’une véritable autonomie régionale. Fustigeant la fusion des régions menée par François Hollande, il pose comme condition qu’une telle autonomie soit basée sur des périmètres constituant de véritables identités.
Il remarque à juste que titre que c’est l’absence d’autonomie régionale qui a permis les fusions décriées. « Les régions actuelles sont à ce point inexistantes politiquement que François Hollande et son gouvernement ont pu en supprimer la moitié et redessiner une carte incohérente, sans entrainer une levée de bouclier à la mesure de l’enjeu ».
Il loue la mobilisation politique et citoyenne en Alsace qui fait évoluer les choses, et invite les autres régions à emboîter le pas pour parvenir à un remembrement territorial. Son principal regret est qu’une partie des élus locaux joue contre leur camp en s’opposant à une telle évolution, perpétuant ainsi le système hyper-centralisé (et nous ne sommes pas en reste en Alsace avec les retournements de vestes…).
Force est de constater la justesse de son analyse, unanimement partagée dans les milieux académiques. Encore une fois, un ouvrage universitaire dénonce les giga-régions et le manque d’autonomie locale. Aux politiques de prendre leurs responsabilités maintenant !