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Si, Monsieur le Président, l’Alsace sera une région !

Si, Monsieur le Président, l’Alsace sera une région !

Indigner et excéder la grande majorité des Alsaciens, ridiculiser les élus qui soutiennent le gouvernement et qui ont pris des engagements en faveur d’une région Alsace, annoncer brutalement au président de la Collectivité européenne d’Alsace (CEA), qui négociait depuis des mois avec les services de l’Elysée, que les ouvertures qu’on lui avait laissé entrevoir sont fermées, court-circuiter le parlementaire chargé d’une mission sur la décentralisation en annonçant des positions sur un sujet qui sera traité dans son rapport remis au début du mois de mai et donner un puissant coup de pouce aux partis d’opposition vers qui les électeurs alsaciens déçus par les palinodies de l’exécutif seront tentés de se tourner.
Voilà le brillant bilan du passage du Président de la République à Strasbourg ce vendredi 26 avril. L’idée évoquée de transferts partiels de compétences de la région Grand Est vers la CEA, politiquement inacceptable, aboutirait à des complications juridiques et financières extravagantes qui la disqualifient d’emblée.
Quel message entendons-nous ? « Vous resterez dans l’absurde région Grand Est parce que je préfère écouter quelques élus lorrains et champenois plutôt que le peuple alsacien. Je suis capable de mettre fin à deux siècles de tradition constitutionnelle française pour satisfaire les revendications des nationalistes corses, mais pas d’accepter une région Alsace, province multiséculaire et qui a existé pendant des décennies ». Osons poser la question : aurait-on traité avec la même arrogance les élus d’autres régions ? Les Alsaciens sont patriotes et légalistes, ils accepteront donc.
Non, cette fois-ci ils ne plieront pas car ce serait l’humiliation définitive !
Parce qu’ils sont légalistes ils demandent que la constitution soit respectée, alors que le droit ne l’avait pas été lors de la fusion des régions et que la loi est encore foulée aux pieds dans le processus de rétablissement d’une ligue d’Alsace de Football. L’article 2 de la constitution dispose que le principe de la République est « gouvernement du peuple, par le peuple et pour le peuple ». Sur la région Alsace le peuple s’est prononcé de nombreuses fois, sous des formes multiples et toujours dans le même sens. Face à la volonté d’un seul cela ne compterait pas ? Réformer l’organisation régionale est l’œuvre de la loi. Or, seuls ont pouvoir d’initiative des lois le Premier Ministre et les membres du Parlement, qui ont déjà déposé cinq propositions de loi visant à rétablir une région Alsace (article 39 de la constitution). En aucune manière le Président de la République. Ses propos sur le sujet ne valent donc que comme simples opinions ou souhaits. Evidemment, ils pèsent ; mais cela ne suffit pas.
Gardons donc la tête froide et laissons fonctionner nos institutions, normalement et sereinement. Après de nombreuses auditions, des études approfondies par des collaborateurs chevronnés et fort de son expérience personnelle, Éric Woerth va déposer son rapport de mission au Président de la République. Ses constats et propositions, quels qu’ils soient, feront l’objet de débats publics et ne seront pas livrés au Président afin qu’il en fasse ce que bon lui plaira.
Nous Alsaciens sommes convaincus que notre cause sera entendue au Parlement, car le modèle d’organisation que nous demandons cumule tous les avantages : clarification des compétences, simplification des structures administratives, économies financières, proximité avec les citoyens, meilleure efficacité de la gestion publique, retour de Strasbourg à sa vraie stature de capitale de l’Alsace, fondement de sa vocation européenne et de l’installation du siège d’organisations européennes et internationales, alors que le Grand Est l’a déclassée comme jamais dans l’histoire.
Cela se joue maintenant. Donc nous ne reculerons plus. Si les électeurs n’entendent pas un changement de discours la sanction sera cinglante et ses effets seront durables.

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