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24 Mai 2020|

La certification obligatoire en anglais est une aberration  

La certification obligatoire en anglais est une aberration  

Le Mouvement pour l’Alsace soutient la démarche de la « Fédération des langues régionales germaniques de France en Alsace, Moselle germanophone et Flandre » en publiant l’échange ci-dessous.

La certification obligatoire en anglais que la ministre persiste à imposer, est une aberration. Il faut que les étudiants aient le choix parmi les langues de l’UE pour cette certification notamment en Alsace où les relations culturelles, économiques… entre l’Allemagne et la France dépendent de la connaissance de la langue du voisin.

 

Le communiqué du député Bruno Studer

 

Bruno Studer, député du Bas-Rhin a tenu à interroger la Ministre de l’Enseignement supérieur sur le sujet de la certification obligatoire en langue anglaise avant de communiquer.

 

Objet : COMMUNIQUÉ – Certification en langue anglaise

COMMUNIQUÉ

Certification en langue anglaise : les réponses de la Ministre de l’Enseignement supérieur aux questions de Bruno STUDER

 

La commission des Affaires culturelles et de l’Éducation a auditionné ce jour Frédérique VIDAL, Ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche.

Bruno Studer, député du Bas-Rhin et président de cette Commission a profité de cette audition pour interroger la Ministre sur la certification en langue anglaise rendue obligatoire par les arrêtés et décrets du 3 avril dernier et s’est ainsi fait l’écho des interrogations que cette décision du Gouvernement a suscité en Alsace et dans le Grand Est quand a son opportunité dans ces territoires frontaliers.

Le député a également interrogé la Ministre sur la conformité de ces textes avec les articles 10 et 15 du traité d’Aix-la-Chapelle qui prévoient que « Les deux États rapprochent leurs systèmes éducatifs grâce au développement de l’apprentissage mutuel de la langue de l’autre, à l’adoption […] de stratégies visant à̀ accroître le nombre d’élèves étudiant la langue du partenaire ».

Dans sa réponse Madame Vidal a rappelé que son Ministère s’était engagé à accompagner les établissements dans la mise en œuvre obligatoire de la certification en langue anglaise qui est la langue la plus couramment utilisée, en particulier dans les travaux de recherche.

La Ministre a cependant précisé que cela n’était pas incompatible avec des certifications dans d’autres langues et s’est montrée favorable à ce que cela puisse être proposé aux étudiants.

Un travail sera donc mené pour développer et financer des certifications dans d’autres langues que l’anglais.

Cette évolution du dispositif permettra de rétablir l’équilibre entre l’anglais et les langues de nos voisins européens. Le Président Studer salue cet engagement et souhaite que la certification en langue allemande soit rapidement et largement proposée et prise en charge pour les étudiants d’Alsace notamment.

La « Fédération des langues régionales germaniques de France en Alsace, Moselle germanophone et Flandre » répond

 

La « Fédération des langues régionales germaniques de France en Alsace, Moselle germanophone et Flandre », qui a porté ce dossier depuis le début, – a tenu à apporter sa réponse à l’intéressé.

Monsieur Bruno STUDER, Monsieur le Député,

Nous avons bien reçu votre communiqué et vous en remercions.

Nous ne vous cacherons pas notre totale et amère déception. La réponse de la Ministre ne répond pas du tout à notre demande de proposer le choix de la langue pour une certification obligatoire dans une langue européenne ou autre (mandarin, japonais).

La certification et les cours d’angle/américain devenant obligatoire pour tous les DUT, BTS, licences professionnelles, licences universitaires, la 2° certification proposée représentera une importante charge de travail supplémentaire pour les étudiants.

De ce fait ceux-ci délaisseront en masse cette voie et l’étude d’autres langues que l’anglais, notamment de l’allemand en Alsace, même si certaines universités consentent à organiser l’enseignement linguistique nécessaire et à prendre en charge les frais d’une seconde certification.

La place spécifique de l’allemand en France et du français en Allemagne, initiée par le traité de l’Élysée, devait être renforcée par le nouveau traité franco-allemand signé en grande pompe à Aachen en 2018. Or, du fait de la future certification obligatoire en anglais, ce traité ne sera pas respecté, tout particulièrement en zone frontalière française.

La formation et le recrutement de maîtres pour l’enseignement bilingue paritaire dans les premiers et seconds degrés en Alsace vont de ce fait se tarir. La mise à mort programmée et tout à fait volontariste de l’enseignement de l’allemand en résultera au mépris également du texte législatif instituant la nouvelle Collectivité européenne d’Alsace et de sa compétence pour l’enseignement de l’allemand.

Le gouvernement met ainsi fin à l’esprit qui a prévalu depuis l’après-guerre et la réconciliation franco-allemande, c’est à dire qu’il agit dans un sens tout à fait opposé au rapprochement culturel engagé par le Président Charles De Gaulle en 1962, une politique prolongée par ses successeurs.

C’est une très lourde responsabilité de l’exécutif et de la majorité parlementaire actuels.

Veuillez recevoir nos cordiales salutations.

Monique MATTER, Fédération des langues régionales germaniques de France en Alsace, Moselle germanophone et Flandre

Bernard STOESSEL, ELSAM/GREDL Elus pour la sauvegarde de la langue régionale en Alsace et Moselle germanophone